Le SGEN change de nom
par
popularité : 20%
Le congrès du SGEN-CFDT a décidé de changer le nom de ce syndicat qui devient la "fédération CFDT Éducation, Formation, Recherche Publiques".
C’est l’occasion de redonner quelques éléments d’histoire institutionnelle de ce syndicat, à la fois concurrent historique et partenaire obligé du SNES depuis des décennies.
Le Syndicat général de l’éducation nationale (SGEN) est fondé en 1937. Il ne compte avant la guerre que quelques centaines de membres. Le syndicat se veut « laïc », mais recrute principalement, outre quelques universitaires, les instituteurs et surtout institutrices catholiques qui font l’objet d’une violente campagne de dénigrement de la part des syndicats enseignants de la CGT : pour ces derniers, on ne peut pas être catholique et instituteur public.
Fort logiquement, le syndicat s’affilie à la Confédération française des travailleurs chrétiens, qui avait été fondée en 1919, essentiellement à partir de forces syndicales sectorielles (dans le commerce) et géographique (Alsace-Moselle).
Après guerre, il se reconstitue. Sous l’impulsion de Paul Vignaux, prof à l’EPHE et spécialiste de la philosophie chrétienne, qui est son secrétaire général de 1948 à 1970, le SGEN est le fer de lance de la tendance « Reconstruction » de la CFTC, qui œuvre à la « déconfessionnalisation » de la centrale. Portée par le courant de la « nouvelle gauche » des années 1960, Reconstruction fait triompher ses vues, et la CFTC devient en 1964 la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT).
Le SGEN est alors un syndicat général, mais dont les secteurs sont largement autonomes. Il y a ainsi à côté des instances « générales », des « sections » (premier degré, second degré, etc...) qui ont leurs propres instances et leurs propres dirigeants.
Un conflit interne entre ces différentes sections conduit à un congrès d’une grande confusion en 1972, à l’issue duquel, après élections, démissions et ré-élections, une nouvelle direction d’orientation « gauchiste » est désignée, contre celle, sortante, « moderniste », qui s’inscrivait dans la continuité de l’orientation défendue par Vignaux.
Les statuts sont ensuite révisés pour éviter ce genre d’impasse. Cela aboutit en 1982 à la transformation du SGEN « syndicat national » en fédération de syndicats. Ceux-ci sont pour l’essentiel territoriaux (académiques), mais il y aussi un syndicat de l’administration centrale, un autre pour la recherche...
Dans les années 1980, le SGEN rompt progressivement avec son positionnement gauchiste radical pour devenir le principal soutien à la politique scolaire des gouvernement de gauche, principalement dans la période où Alain Savary est ministre de l’éducation nationale.
Une trajectoire typique est celle de Jean-Claude Guérin : ancien « minoritaire » du SNES, animateur de la tendance « Rénovation syndicale », alliée à l’EE, il était passé au SGEN en 1975, en était devenu un des secrétaire nationaux en 1980, avant d’être nommé au cabinet de Robert Chapuis (secrétaire d’Etat à l’enseignement technique) en 1988, et de finir inspecteur de la ville de Paris.
Ce virage « réformiste » s’accentue dans les années 1990. Lors du mouvement social de 1995, le SGEN ne figure pas parmi les opposants à la ligne de la direction confédérale, qui souhaitent que la CFDT s’engage dans la lutte contre la réforme des retraites. Cela va conduire les plus radicaux de ses militants à créer les syndicats SUD éducation. Progressivement, le SGEN va afficher, au contraire de sa « tradition » contestataire, un soutien de plus en plus affirmé à la direction de la CFDT, faisant notamment campagne sur le thème « le SGEN est la CFDT dans l’éducation ».
Cela se traduit aujourd’hui par l’abandon de son nom historique pour celui de « CFDT Éducation, Formation, Recherche Publiques ».