Jean Gaydier (1921-2013)

dimanche 14 avril 2013
par  dada
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Jean Gaydier est décédé le 9 avril à l’âge de 92 ans. Il a été inhumé à Renaison (Loire) le 12 avril. Agrégé des lettres, il fut un des grands militants de la FEN et du SNES et fut le premier secrétaire académique du SNES après la création de l’académie de Reims au début des années 1960.

Jean Gaydier resta toujours fidèle aux idéaux de sa jeunesse, qui en firent un des principaux animateurs de la section départementale de la Marne de la FEN après la scission de la CGT en 1948, section qui refusa longtemps la scission et ses conséquences, en maintenant la structure de syndicat départemental et son adhésion à la CGT. Cette section joua un rôle déterminant dans l’identification du courant "unitaire" qui devint Unité et Action.
Tout naturellement, Jean Gaydier fut en même temps un militant de la liste B puis Unité et Action du SNES, membre de la CA nationale et secrétaire du S3 de Reims.

Il avait participé activement au groupe de travail sur l’histoire de la FEN et de ses tendances dans le cadre de l’institut de la FSU à la fin des années 1990-début des années 2000. Nous avions publié une étude qu’il avait faite sur La Marne enseignante, le journal de la SD/FEN de la Marne.

P. Petremann a signé sa notice biographique dans le Maitron, qu’il avait voulu courte, et que nous reproduisons dans le PDF ci-dessous.

Nous nous inclinons devant ce grand militant modeste, défenseur de la laïcité et de la qualité de l’enseignement pour tous et adressons à sa famille l’expression de toute notre sympathie.


Commentaires  Forum fermé

lundi 14 octobre 2013 à 16h54

J’ai eu Jean Gaydier comme prof quand j’étais au lycée Clémenceau, il était presque en fin de carrière. Je n’ignorais pas son activité syndicale, même si je n’étais pas très au fait de cela à 14-15 ans. Mais à cet âge où on est idéaliste, son côté militant me plaisait. Et surtout sa sympathie, son enthousiasme, son humour sa façon de refaire le monde. Quand j’étais au lycée, mai 68 était déjà un peu loin, mais c’était encore tout à fait l’ambiance, et il y contribuait. Il nous avait raconté ses souvenirs de la guerre en avouant qu’il s’en était sorti avec une chance extraordinaire.
Pour l’anecdote : je n’étais pas né au moment de la guerre d’Algérie, aussi j’ignorais qu’il avait milité contre. Il se trouve que je travaille actuellement en Algérie dans le cadre d’une coopération, dans un esprit d’amitié avec ce pays, et je me souviens avoir parlé de lui avec mes collègues algériens. Quand je leur préciserais ce trait de lui, nul doute que cela leur fera plaisir.
Bref, je rends hommage à mon ancien prof.

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lundi 15 avril 2013 à 17h27 - par  blanchard françois

J’ai approché Jean Gaydier après notre arrivée aux responsabilités nationales du SNES en 1967.
C’était un homme vrai, attachant. Responsable syndical appuyé sur l’action collective, sans nulle addiction à l’exercice du pouvoir, il cherchait tout ce qui pouvait combattre la division syndicale et l’opposition stérile des tendances.
Sa pensée indépendante était précieuse pour tous. Dans les années 50, il avait tranquillement ignoré l’injonction du PCF de saborder la FEN-CGT. Après 1967, au S4 du SNES, j’ai toujours apprécié le petit « mais » qu’il introduisait dans les débats trop unilatéraux.
Fidèle aux valeurs de la Résistance qui ont fondé les trente glorieuses, Jean Gaydier s’est engagé contre le colonialisme français et pour les libertés partout, sans les œillères qui nous masquaient parfois la réalité des faux socialismes.
Je garde aussi en mémoire le débat humain auquel j’ai participé au S3 de Reims dans les années 70 pour organiser sa succession en aidant les jeunes militants à surmonter l’appréhension que son charisme suscitait.
Jean Gaydier était aimé. Que ses proches en soient réconfortés
François Blanchard, 15 avril 2012.

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dimanche 14 avril 2013 à 20h45 - par  dada

Message envoyé à la famille par André Dellinger qui nous a averti de la triste nouvelle après avoir lu l’annonce nécrologique dans le Monde du 12 avril.

"Ancien professeur de lettres à Reims, syndicaliste généreux et talentueux de l’enseignement secondaire, il avait des racines familiales dans le centre occitan de la France. Je trouve que la discrétion même de l’annonce lui ressemble ; par conviction morale autant que par humanisme et grande culture, cet homme de grande valeur, ce militant de haute stature aimait s’entourer de discrétion.
Je m’incline fraternellement devant sa mémoire. Je me souviens en particulier d’un congrès national de l’ancienne Fédération de l’Education nationale, à la tribune de laquelle il avait défendu avec talent, mettant les rires de tout le congrès son côté, la cause d’une revalorisation d’ensemble de la fonction enseignante, revalorisation que la direction fédérale socialisante de l’époque ne voulait pas revendiquer.

Jean tenait par-dessus tout à son originalité marnaise qui consistait à minorer autant que possible, voire à effacer, les clivages de tendance dont il déplorait la stérilité. Mais cette unité qu’il avait réalisée dans la section départementale de la Marne (d’où sortait une motion pédagogique présentée au congrès fédéral qui ralliait les suffrages de la tendance Bouches du Rhône), nous ne l’avons hélas pas réalisée au plan fédéral national, ni au sein du SNES. Les vents de la scission soufflaient trop fort. Ses amis, ses proches par la pensée syndicale, Jean les trouvait au SNES surtout à Unité et Action. Cependant, son expérience unitaire avait pour tous les militants valeur démonstrative de ce que permettent le dépassement des querelles et la primauté accordée à la fraternité syndicale. Jean GAYDIER ne voyait dans le syndicat que des collègues - syndiqués ou syndicaliste - avec lesquels tout débat engagé sans parti pris ne pouvait qu’être mutuellement enrichissant. Son utopie unitaire, par son originalité créatrice, par son retentissement au-delà des frontières géographiques ou administratives et des affiliations aux tendances, lui valait le respect et l’estime générale. Elle mérite d’être largement relatée.

Je présente aux membres de sa famille mes très sincères condoléances".

André DELLINGER, ancien secrétaire national du SNES (1967-1983)

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dimanche 14 avril 2013 à 14h21 - par  dada

Lu sur le Blog de René Merle

Je viens d’apprendre le décès de Jean Gaydier [1921]. Pour moi, Gaydier demeure le professeur de lettres classiques que j’ai connu lors de mes années d’enseignement à Reims (1957-1960) : un enseignant défenseur du plan Langevin-Wallon, tenant d’une vraie orientation et non d’une sélection arbitraire, un syndicaliste du S.N.E.S bataillant dans la ligne de "l’originalité marnaise" pour une structure départementale unique des syndiqués enseignants, un démocrate militant ardemment pour la paix en Algérie dans la reconnaissance des droits du peuple algérien, et, en 1958, un ferme opposant au pouvoir personnel plébiscité par une majorité de Français. Un homme fin, cultivé et généreux, dont le souvenir réconcilie avec l’espèce humaine, hélas si souvent décevante.

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