Jean DEGOUTE (1944-2020)
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Nous venons d’apprendre avec beaucoup de peine le décès de notre camarade Jean Degoute qui a marqué pendant près de 50 ans la vie du SNES dans l’académie de Clermont-Ferrand. Secrétaire adjoint du S3 à partir de la fin des années 1970, puis secrétaire général dans la décennie 1980, membre de la CA nationale, il était encore responsable des retraités du SNES-FSU et avait participé activement à la fondation de la FSU dans l’académie. C’est plus qu’un camarade qui part, c’est un ami pour beaucoup d’entre nous.
A son épouse, à ses enfants et ses proches, nous transmettons l’expression de nos plus sincères condoléances, notre vive sympathie.
Tout.es celles et ceux qui ont connu Jean Degoute sont unanimes à reconnaître en lui un militant syndicaliste fidèle, dévoué, actif, efficace, qui n’aimait pas les grands discours, ce qui n’enlevait rien, au contraire, à la fermeté de ses positions et de ses engagements. Très proche des syndiqué.es, attentif à leurs problèmes, il savait tenir compte des réalités pour les défendre et les entraîner dans l’action. En témoignait un taux de syndicalisation élevé dans cette petite académie.
Il fut encore très actif dans l’organisation du dernier congrès de la FSU en décembre 2019 à Clermont-Ferrand. Je l’avais revu à cette occasion et nous avions pris rendez-vous pour peaufiner sa biographie dans le Maitron. Hélas nous n’avons pas eu le temps.
C’est donc à partir d’une interview de lui en 2004 qu’est bâti ce court projet provisoire.
Jean Degoute était un « marchois », né le 4 janvier 1944, à Guéret où il a passé toute son enfance et sa jeunesse. Fils unique d’un représentant de commerce d’une librairie et d’une aide comptable, ses parents l’envoyèrent au cours complémentaire qui avait une solide réputation, pour en faire un instituteur. Ce qu’il devint en effet à l’Ecole normale de la Creuse, puis il entra au centre de formation des maîtres de CEG. Mais comme d’autres bons normaliens, il réussit au concours des IPES et alla à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand où il obtint une licence de sciences physiques puis réussit au CAPES. Marié de bonne heure avec une institutrice, ils eurent deux fils devenus également professeurs.
Syndiqué au SNI à l’ENI, puis au SNES à partir de l’IPES ainsi qu’à l’UNEF, Jean Degoute commença à s’intéresser à la politique et au syndicalisme à la fin de la Guerre d’Algérie. Mais c’est durant les événements de mai-juin 1968 qu’il commença vraiment à militer dans le S1 de son premier poste au lycée technique de Montluçon.
Après le service militaire, il fut nommé au lycée Amédée Gasquet à Clermont-Ferrand, où il effectua ensuite toute sa carrière, en tant que professeur certifié. A partir du début des années 1970, il milita de plus en plus au SNES dans le courant Unité et Action, au S2 du Puy-de-Dôme et au S3 de Clermont-Ferrand. Son parcours est exemplaire de l’engagement de jeunes militants de cette époque qui furent des acteurs essentiels du développement de l’audience du SNES dans la profession, à l’heure de la croissance des effectifs du second degré, confrontés à toute une série de réformes après 68 et à la pénurie de moyens et d’enseignants…
Il participa à son premier congrès national du SNES en 1972 à Poitiers (cf photo) à l’appel de Dublanchet, puis fit partie de l’équipe du S2 et enfin du S3 à partir du milieu des années 1970. Il n’allait jamais quitter l’équipe des responsables académiques, en tant que secrétaire adjoint puis secrétaire général dans les années 1980 et membre de la CA nationale. Il fit partie de l’équipe aux côtés de Blanchet, Lacouture, Hugon. Puis il anima un secrétariat où se retrouvèrent bientôt Sandrine Charrier, Roland Hubert, Michèle Vidalin. Celle-ci lui succéda comme secrétaire académique ; quant aux deux autres ils furent appelés au S4 où Roland devint co-secrétaire général.
Toujours sur le pont, Jean Degoute fut un acteur actif de la transition de la FEN vers la FSU. Il défendait encore avec sa pugnacité tranquille et sa grande gentillesse les intérêts des retraités.
Non encarté politiquement, mis à part un bref passage au PCF au moment du PCG, il n’en avait pas moins de profondes convictions et fut toujours un partisan de l’union dans l’action de toutes les forces syndicales et politiques pour un projet de transformation sociale résolument à gauche.