Durant
Mai-juin, les
lycéens prirent la parole et
s’affirmèrent comme des acteurs et non plus comme
de simples usagers ou des élèves passifs.
Avant Mai, un mouvement
lycéen avait commencé à se manifester
dans les Comités d’action lycéens
où les JCR étaient très actifs. Avec
une certaine prudence, une commission ad hoc du BN
du SNES avait invité les professeurs à la
compréhension des lycéens et à les
considérer ainsi que les parents comme des
alliés naturels dans le combat pour une réforme
démocratique de l’Ecole (voir partie 1).
Les lycéens,
inquiets devant leur avenir, souvent rebelles à la
discipline contraignante, furent assez
généralement parmi les premiers à
manifester leur solidarité avec leurs
aînés étudiants victimes de la
répression. Les CAL se multiplièrent. Les
relations avec les professeurs furent fort différentes
suivant les établissements, notamment entre les
établissements de Paris et des villes universitaires et ceux
des petites villes de province. Les rapports varièrent
également en fonction du niveau
d’enseignement : élèves
préparationnaires ou de second cycle ou
collégiens. Au demeurant, tous les
élèves ne se sentirent pas concernés
au même degré par ce qui se passait.
Les
consignes du SNES
visèrent constamment à rester au contact des
élèves, à éviter leur
manipulation et à favoriser la construction d’un
syndicalisme lycéen. Sur le terrain, s’il y eut
parfois incompréhension voire opposition, en
général se tissèrent des relations
confiantes avec les professeurs grévistes.
Les lycéens
participèrent aux comités de grève et
à l’occupation des établissements. La
confiance se construisit surtout dans les discussions en commissions.
Les principaux sujets en furent l’organisation du bac, les
professeurs, les élèves et leurs parents ne
désirant pas, dans leur immense majorité, perdre
le travail d’une année. Il y eut débats
sur écrit-oral ou oral seul, et sur le rôle du
carnet scolaire et l’avis du Conseil de classe, en
présence ou non des élèves. Les
multiples aspects de la réforme du système furent
également étudiés : vie
scolaire, organisation du temps, contenus de l’enseignement,
rénovation pédagogique…
Les documents
illustrent les prises de
position du SNES, donnent des exemples locaux. Le dialogue fut souvent
confiant en province, un peu plus difficile dans certains
lycées parisiens. La documentation permet de suivre les
hauts et les bas des relations au lycée J. Decour,
jusqu’au retour d’une certaine normalité
à la mi-juin.
Les travaux des commissions servirent
à nourrir les Etats Généraux de
l’Université Nouvelle organisés par la
FEN en octobre 1968. Le SNES y apporta une importante contribution.
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