Le paroxysme du mouvement du 14 au 30 mai


Durant cette quinzaine, le mouvement prit une ampleur exceptionnelle. Des facultés et des établissements scolaires, la grève se répandit dans tous les secteurs d’activité.

Après le 13 mai, la demande de la décision de la grève généralisée se manifestait de plus en plus. Le dimanche 19 mai, le CN du SNES appela tous les personnels à la cessation des cours en restant dans les établissements ; le lundi 20, la CA de la FEN lança le mot d’ordre à tous les personnels de l’Education nationale de « cesser totalement leur travail » à compter du 22 mai.

Des comités de grève s’instituèrent dans les établissements souvent « occupés » comme l’étaient les facultés et les usines. La reconnaissance des CAL et surtout l’occupation nocturne des lycées ne faisait pas l’unanimité parmi les enseignants, y compris grévistes. Des commissions profs-élèves travaillaient néanmoins à l’étude de réformes et de propositions de modalités exceptionnelles pour le bac (voir partie 4). Les S1 et AG intersyndicales s’appliquaient à définir les revendications et leurs priorités.

Les fissures dans le front étudiants-travailleurs ne tardèrent pas à s’élargir, notamment entre la CGT et l’UNEF. A Paris, le 24 mai, la CGT et l’UNEF et le SNESUp manifestèrent séparément. Le S3 de Paris fut présent dans la manifestation organisée par la CGT.

Les centrales syndicales obtinrent des négociations générales Gouvernement-Patronat-Syndicats qui se conclurent par un « projet de protocole d’accord » de Grenelle le 27 mai au matin. La FEN participa à ces négociations mais sa délégation ne comportait aucun dirigeant du SNES. A Billancourt, les ouvriers de Renault estimèrent les résultats insuffisants.

Le même jour, l’UNEF et le SNESup organisèrent le meeting de Charléty pour contourner la CGT et le PCF et s’opposer à la logique « négociation-trahison ». Le 29 mai, la CGT organisa une puissante manifestation à Paris, à laquelle participa le S3 de Paris.

La veille, François Mitterrand avait réclamé la démission du Gouvernement et annoncé son intention de se présenter à nouveau comme candidat à la présidence de la République.

Le débat de fond tournait autour de la nature du mouvement : révolutionnaire ou revendicatif ? et son issue politique : gouvernement de transition ou populaire à participation communiste sur la base d’un programme commun ? Le discours du 30 mai du général de Gaulle retentit comme la clôture d’une période d’incertitude, en annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale.

 L’exposition illustre la scansion de cette période mouvementée, la mobilisation, les débats dans les établissements, la détermination pour obtenir satisfaction sur les revendications, le désir d’unité, la démocratie interne exceptionnelle.



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